Cinq ans plus tard
Ce fut un beau dimanche de printemps que je passais comme un autre. Les citoyens étaient de sortie, profitant du soleil pour se réunir entre amis, trouver un morceau d’espace vert, y étendre un drap et poser des mets de pique-nique. Ni maître ni élève, j'errais devant les portes ouvertes des écoles, en m'interrogeant sur cette ouverture inhabituelle, tant à l'intérieur tout semblait mort. Pas plus que celles des dix-sept fromages placardées devant les écoles, aucune affiche de cinéma ne put retenir mon attention, quoique je fréquentasse beaucoup les salles à cette époque. Il y avait gribouillées dans un carnet que je tenais toujours sur moi les prémices d’une grande déclaration épistolaire qui ne devait jamais trouver de forme cohérente – ni de réponse de sa destinataire indifférente. Et je portais comme toujours un livre de poésie – Du Bouchet? Eliot? Ashbery? – que je n’ouvris pourtant pas ce jour-là. Ce n'était pas grave. On n’est pas obligé de consacrer chaque moment libre au déchiffrement de formules obscures, dans l'espoir de moins en moins abusé de révélation. Avec tout échec personnel de ce genre, pourtant, il ne faudrait jamais que soit oubliée l'obligation envers la collectivité, cette chose publique dont on a en partage la responsabilité, mais d’où je me trouvais ce jour-là exclu, refoulé vers la terra nullus de mes origines non conformes. J’en étais dépité, mais ne pouvais que m'incliner devant la sagesse supérieure d'une République vivante (puisque nous le sommes).
A la chaleur de l'après-midi succéda le refroidissement du soir et je rentrai. Il y avait par ailleurs quelque chose que je voulais écouter à la radio. Tombe alors la nouvelle: une bête immonde, échappée à la vigilance de ses gardiens distraits et se tenant aux marges des champs et des consciences, avait sauté au milieu des troupeaux insouciants et bouffé tous les pique-niqueurs. Je me souviens de l’écœurement qui me saisit alors, et des semaines qu'il me fallut pour m’en remettre. Je me souviens que je ne m’en suis jamais vraiment remis. Je me souviens qu'à la place d'acte décidé et cohérent accompli en vue d'un but assumé je fis fragmentation en cours, celle d'un désir qui se projetait texte; et qu'au désir de pouvoir reparler avec vous, peu importe où ni de quoi, des conversations animées, des discussions, des disputes peut-être, succéda:
Nous avons perdu en quelques jours toute sécurité et sommes sur une pente épouvantable et irrésistible. Rien de ce que l’on peut craindre n’est chimérique et l’on peut absolument tout craindre, tout imaginer.
lundi, avril 23, 2007
85 % de participation ! Et ce grand coup porté contre l'innommable ordure qui nous empuantissait la vie. Les agents de la voirie sont donc passés, l'air ce matin est plus respirable ... Alors je dis "chapeau" aux Français. En revanche, vous auriez pu faire en sorte que l'écart entre premier et deuxième soit un peu moins grand à remonter ...
Libellés : consignes de vote
6 Comments:
Why so many months betwixt posts?
J'allais dire 5 mois plus tard...
Bonjour vous... un moment déjà...merci pr ton lien avec mon blog... Je me demandais si tu venais toujours.... Bisous
com du dessus, c t zazou....
maarmie: Suppose I had nothing to say. (You're a fine one to talk...)
trublyonne: Je compte sur vous pour la France Présidente, d'accord?
zazou: Mais bien sûr, bien sûr: aussi longtemps que tu raconteras ton "world", aussi longtemps j'y passerai ..
Even as I was typing this comment, I could smell the hypocrisy.
: )
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